Implants multifocaux post cataracte : pour qui ?

Publié le 07 avril 2025 .

Cataracte

Les implants multifocaux sont de plus en plus utilisés dans le cas d’une chirurgie de la cataracte, mais ils ne conviennent pas à tous les profils. Certaines conditions visuelles ou pathologies oculaires peuvent contre-indiquer leur utilisation. Alors, à qui s’adressent réellement les implants multifocaux après une opération de la cataracte ? Cet article vous éclaire sur les indications, avantages et critères de sélection pour faire le bon choix avec votre chirurgien.

Implants multifocaux : pour qui ?

Critères d’éligibilité

La sélection rigoureuse des patients est cruciale pour le succès de l’implantation multifocale. Une évaluation ophtalmologique complète, incluant un bilan rétinien détaillé, est nécessaire avant d’envisager ce type d’implant.

Les meilleurs candidats sont généralement ceux qui présentent une cataracte symptomatique et qui souhaitent réduire leur dépendance aux lunettes. Retenir que les conséquences fonctionnelles d’une vraie cataracte sont plus marquées que les effets indésirables d’un implant multifocal, rendant le rapport bénéfice-risque plus favorable dans ce contexte.

Contre-indications et précautions

Certaines professions ou activités constituent des contre-indications relatives aux implants multifocaux. C’est notamment le cas des conducteurs professionnels , pour lesquels ces implants sont “toujours interdits” en raison des phénomènes photiques qu’ils peuvent générer.

  • D’autres contre-indications incluent les pathologies oculaires préexistantes comme les maladies rétiniennes comme la DMLA, œdème maculaire du diabétique, le glaucome avancé ou les antécédents de chirurgie réfractive
  • Les attentes du patient jouent également un rôle crucial : des attentes irréalistes concernant l’indépendance totale vis-à-vis des lunettes peuvent conduire à des déceptions importantes. Il est essentiel que les patients soient pleinement informés des résultats attendus et des défis potentiels liés aux implants multifocaux
  • Période d’adaptation neurologique : Après l’intervention, le cerveau doit s’adapter au nouveau système visuel. Cette neuro-adaptation peut prendre de quelques jours à plusieurs semaines selon les patients. Ce processus est normal car la dispersion de la lumière se fait sur deux ou trois foyers, créant un nouveau paradigme visuel auquel le cerveau doit s’habituer

Le processus d’évaluation préopératoire

L’évaluation préopératoire approfondie est indispensable pour déterminer si les implants multifocaux conviennent à un patient spécifique.

Consultation et examens spécialisés

Le bilan préopératoire comprend plusieurs éléments :

  • Un entretien détaillé avec l’ophtalmologiste pour discuter des attentes, du mode de vie et des besoins visuels spécifiques
  • Un examen clinique complet incluant l’observation en lampe à fente pour détecter d’éventuelles contre-indications
  • Des examens topographiques et biométriques pour calculer avec précision les caractéristiques de l’implant. Un élément important à analyser lors de l’évaluation est le jeu pupillaire du patient . En effet, les implants multifocaux diffractifs les plus couramment utilisés fonctionnent avec une vision de près optimisée au centre de l’implant et une vision intermédiaire et lointaine en périphérie. La dynamique pupillaire du patient peut donc influencer significativement les résultats visuels obtenus

Pour les patients myopes, particulièrement ceux de moins de 60 ans, des examens plus poussés sont nécessaires en raison du risque accru de décollement de rétine après l’intervention. Chez les hypermétropes , la chirurgie du cristallin clair à visée réfractive est généralement indiquée après 55 ans, en cas de contre-indication à la chirurgie au laser ou de très forte hypermétropie.

Coût et prise en charge

Les implants multifocaux sont considérés comme des implants “premiums”, vendus plus cher que les implants standard monofocaux.

Contrairement à ces derniers, les implants multifocaux ne sont généralement pas entièrement remboursés par les systèmes d’assurance maladie.

En France, le co-paiement par le patient est permis depuis une décision de la Caisse nationale de l’Assurance Maladie de 2010, autorisant une facturation partielle de l’implant premium. Cette situation financière constitue un facteur limitant l’accès à cette technologie pour certains patients, malgré ses avantages potentiels.

Information et consentement éclairé

  • Les règles imposent une information complète donnée au patient ainsi que la transmission d’un devis détaillé. Cette transparence est essentielle pour permettre au patient de prendre une décision éclairée, en pesant les avantages potentiels contre les inconvénients et le coût supplémentaire
  • Le chirurgien doit s’assurer que le patient comprend parfaitement les limites de cette technologie et maintient des attentes réalistes quant aux résultats post-opératoires

En conclusion :

La sélection rigoureuse des candidats, une information complète sur les attentes réalistes et un suivi post-opératoire attentif sont essentiels pour maximiser la satisfaction des patients.

Les avancées technologiques continues dans ce domaine laissent espérer des améliorations futures qui pourraient réduire encore les effets secondaires tout en maintenant ou améliorant les bénéfices visuels de ces implants sophistiqués.

Article rédigé par le Dr Berthon

Le docteur Laurent Berthon est un médecin ophtalmologiste spécialisé dans les domaines des pathologies de la rétine et de la chirurgie de la cataracte. Découvrez ses dernières actualités sur son blog.