Quelques chiffres pour la France
- La cataracte touche plus de 40% des personnes âgées de 65 à 74 ans et jusqu’à 60 à 70% après 75 ans
- Elle constitue aujourd’hui la première cause d’intervention chirurgicale avec plus de 850 000 opérations chaque année
- On estime que le nombre de cas devrait augmenter de 60% d’ici 2050 en Europe, conséquence directe du vieillissement de la population et de l’allongement de l’espérance de vie
- Environ 75% des opérations de la cataracte sont réalisées dans le secteur privé, pour un âge moyen de 73 à 74 ans, et les séjours hospitaliers ont augmenté de 41% depuis 2008, reflet d’une demande croissante
- Près de 44% des patients opérés de la cataracte le sont des deux yeux la même année, illustrant la gêne fonctionnelle bilatérale que cette pathologie engendre
Reconnaître les signes précoces de la cataracte permet une prise en charge rapide et efficace, généralement réversible grâce à la chirurgie dans plus de 95% des cas.
Contrairement à certaines maladies oculaires irréversibles comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), la cataracte peut être totalement corrigée par une intervention relativement simple lorsque le diagnostic est posé à temps.
Comprendre la formation de la cataracte
- Le cristallin est une structure biconvexe située derrière l’iris, composée essentiellement d’eau et de protéines organisées en couches concentriques
- Sa parfaite transparence dépend de la structure ordonnée de ces protéines cristalliniennes
- Avec le temps, ces protéines s’agrègent et se dénaturent, entraînant une perte de transparence. La lumière se disperse au lieu d’être correctement focalisée sur la rétine, à l’origine d’une vision trouble
- Ce processus d’opacification concerne le plus souvent les deux yeux, mais de façon asymétrique : un œil peut être atteint avant l’autre
La cataracte dite sénile reste la forme la plus commune, apparaissant généralement après 60 ans.
Cependant, il existe plusieurs types de cataractes selon leur origine :
- Cataracte nucléaire, liée au durcissement et à la coloration jaunâtre du noyau central du cristallin
- Cataracte corticale, caractérisée par des opacités périphériques en forme de rayons
- Cataracte sous-capsulaire postérieure, souvent plus symptomatique car située sur l’axe visuel, gênant particulièrement la lecture et la vision en lumière vive
- Chez les plus jeunes, la cataracte reste rare mais peut être congénitale(présente dès la naissance) ou post-traumatique (après un choc)
Une cataracte négligée chez l’enfant risque de provoquer une amblyopie, c’est-à-dire une perte définitive de la vision dans l’œil concerné si elle n’est pas opérée rapidement.
Les facteurs de risque de la cataracte
- Le diabète augmente le risque par excès de glucose intra-oculaire
- Le tabagisme
- L’exposition prolongée aux rayons ultraviolets (UV) accélèrent les altérations des protéines
- L’usage prolongé de corticoïdes (collyres ou traitements systémiques) est un facteur reconnu
- Les traumatismes oculaires
- Certaines maladies inflammatoires (comme l’uvéite)
- Les chocs électriques ou radiations ionisantes peuvent également induire des opacités du cristallin
Impact de la cataracte sur la vision et la vie quotidienne
La cataracte altère la vision de manière progressive et insidieuse.
- Les patients décrivent souvent une sensation de voile devant les yeux, comme si la vision se réalisait à travers un verre dépoli
- Les éblouissements nocturnes deviennent fréquents, notamment lors de la conduite, du fait de la diffusion de la lumière dans un cristallin opaque.
- Les couleurs paraissent ternes ou jaunies, les contrastes diminuent, rendant la lecture plus difficile et la reconnaissance des visages moins nette
- Certains patients remarquent une myopisation secondaire : ils voient mieux de près qu’avant, mais leur vision de loin se dégrade. Cette évolution résulte d’un changement de l’indice de réfraction du cristallin. Ce phénomène conduit souvent à des modifications fréquentes des lunettes, sans amélioration véritable
Sur le plan psychosocial
La cataracte influe significativement sur la qualité de vie :
- Perte d’autonomie
- Risque accru de chutes chez les personnes âgées
- Difficultés à conduire ou lire
- Et altération de la vie sociale due à une réduction des activités extérieures
Signes d’alerte et dépistage précoce de la cataracte
Les premiers signes doivent alerter, surtout après 60 ans. Parmi eux :
- Baisse progressive de la vision, surtout de loin
- Vision double monoculaire (dans un seul œil)
- Perception de halos lumineux autour des sources de lumière
- Nécessité de cligner ou de changer d’éclairage pour mieux voir
- Difficultés dans la conduite nocturne ou lecture prolongée
Consultation et options de prise en charge
Une consultation ophtalmologique s’impose dès qu’une gêne visuelle persiste malgré une correction optique adaptée.
L’examen comprend une mesure d’acuité visuelle, un bilan à la lampe à fente pour visualiser l’opacification du cristallin, parfois complété par une rétinographie ou une échographie oculaire si la cataracte est trop dense.
L’intervention, appelée chirurgie par phacoémulsification, constitue le traitement de référence. Cette technique mini-invasive, effectuée sous anesthésie locale et en ambulatoire dans 94,5% des cas, consiste à fragmenter le cristallin opacifié grâce à des ultrasons, puis à l’extraire et le remplacer par un implant intraoculaire transparent.
Cet implant artificiel peut être monofocal, multifocal ou à profondeur de champ étendue, selon les besoins visuels du patient.
La récupération visuelle est généralement rapide :
La majorité des opérés retrouvent souvent une vision nette dans les 48 à 72 heures suivant l’intervention.
La chirurgie est aujourd’hui considérée comme sûre, rapide et efficace, avec un taux de complications graves inférieur à 1%.
C’est la seule option curative, capable de rendre une vision claire et stable, prévenant ainsi une cécité potentielle mais réversible.